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Rentrée 2022 : Le tourisme en Amérique du Nord décrypté par les fondateurs de Toundrigo

L’été 2022 se termine. 1 an après la réouverture des frontières en Amérique du Nord, Jean Christophe Viard et Charles Frobisher, fondateurs du groupe Toundrigo dressent, sans tabou, le portrait du tourisme en Amérique du Nord.



Le tourisme nord-américain retrouve des couleurs, porté par les USA !


Déjà 1 an depuis notre précédent échange, comment se porte le voyage en Amérique du Nord depuis ce début d'année?


Jean-Christophe – Le voyage en Amérique du Nord se porte très bien. Nous avons atteint 75% des ventes d’avant la pandémie, c’est-à-dire par rapport à 2019. Nous en sommes vraiment heureux, pour notre industrie d’abord, mais aussi pour nos équipes qui ont travaillé fort pour permettre aux voyageurs de profiter de la destination.


Charles – Honnêtement, on ne s’attendait pas à un tel volume de retour de voyageurs donc, nous sommes vraiment heureux de ce constat. C’est le côté positif de cette année et les autres acteurs du marché partagent cette vision. Après, forcément, cela vient avec son lot de défis pour tout le monde.


Chez Toundrigo, que ce soit en FIT, MICE, Groupes ou Petits groupes aventures, les équipes ont travaillé tellement fort cette année pour répondre à la demande, cette année est réellement intense pour tous.


Alors justement, selon vous, le retour des groupes et évènements sur cette destination Nord-Amérique a-t-il été équivalent à la demande FIT ?


Jean-Christophe – Il y a eu une différence notable mais c’est tout à fait normal. Pour la marque Toundra, spécialiste en FIT, nous avons retrouvé un très bon niveau de voyages par rapport à 2019. Pour les voyages de groupes, et donc notre marque Receptour dans ce contexte, le redémarrage est plus long mais cela est vraiment légitime. Après la pandémie, les voyageurs ont plus de difficultés à voyager en groupe dans un bus.


Charles – Malgré ce constat sur les groupes, sur nos séjours MICE avec Think Incentive, les volumes sont vraiment encourageants et proches de 2019. Et puis, il faut également mentionner que le segment qui a le plus fonctionné pour nous cette année reste les voyages d’aventures en petits groupes guidés ! La marque Windigo a porté nos résultats cette année et dépassé le niveau de 2019, ce qui est assez impressionnant.

Jean-Christophe – Oui, il ne faut pas oublier de dire que ces résultats sont surtout portés par les USA. Windigo Aventures est notre marque qui est la plus orientée USA à ce jour. De ce fait, elle nous tire vers le haut sur cette destination.


Charles – Oui, les USA ont en fait retrouvé ce dynamisme d’une part parce que la pandémie est quasiment terminée mais aussi pour des raisons politiques. Les voyageurs se voient retourner aux États-Unis, ce qui était moins évident ces dernières années.


En savoir plus sur le succès des USA en 2022.


Vous dites que votre marque Think Incentive qui est en charge des activités MICE du groupe Toundrigo a également rejoint des niveaux proches de 2019 ?


Charles – Tout à fait. Pour Think Incentive, nous avons vraiment confiance dans la progression des ventes à venir. La principale raison est le télétravail ! Dans le contexte actuel, beaucoup de sociétés restreignent leurs bureaux et adoptent une politique de télétravail systématique. Les entreprises ont donc besoin de réunir leurs équipes autour de team-building pour fortifier leur culture d’entreprise.


Jean-Christophe – Nous pensons que ces demandes vont naturellement croître dès l’année prochaine. Les séjours évènements d’entreprise ont clairement un bel avenir.



La conjoncture revalorise le métier de réceptif mais complique les prédictions 2023



Pouvez-vous nous parler concrètement de l’impact de la pandémie en Amérique du Nord après avoir vécu cette saison 2022 ?


Jean-Christophe Oui, l’industrie était dans ce qu’on pourrait qualifier de « coma » depuis 2 ans et subitement, il a fallu que les acteurs du voyage répondent à une demande de conséquente malgré la blessure profonde qu’a infligé cette crise à l’industrie, aux fournisseurs, aux équipes.


Charles – En toute transparence, ce constat est, en fait, le même que sur d’autres marchés. Beaucoup de professionnels ont quitté l’industrie et les processus chez les acteurs du tourisme sont devenus obsolètes ou rouillés.


À la rentrée du voyage, naturellement, les prix ont augmenté, les disponibilités sont devenues limitées, les stocks se sont trouvés moins bien gérés, les professionnels peinent à trouver de la main d’œuvre… C’est toute la famille du voyage qui a peiné sur cette année 2022, en Amérique du Nord comme ailleurs. Cet impact se ressent chez tous nos interlocuteurs du tourisme, on ne va pas se mentir.


Jean-Christophe – C’est exactement ça. (Pause) De notre côté, en tant que réceptif, nous sommes une interface entre l’agence cliente et les fournisseurs de services. Nous devons résoudre les perturbations éventuelles des deux côtés afin d’assurer la sérénité dans les voyages. C’est notre métier et dans ce contexte, il est synonyme de gros défis.


Charles – Totalement. En fait, ce métier de réceptif a véritablement pris de la valeur en 2022. Les conseils et l’accompagnement de nos équipes à la fois auprès des voyageurs et des agences clientes prennent tout leur sens dans ce contexte tourmenté.


Jean-Christophe – Oui, le réceptif apporte une vraie sécurité au voyageur comme aux professionnels du tourisme. Cet été nous avons d’ailleurs renforcé les équipes d’assistance pour soutenir tout cet écosystème finalement.


Au regard de ce contexte inhabituel, quelles sont vos prévisions pour 2023 ?


Charles – Difficile à dire. Déjà en 2022, nous anticipions au maximum un 50% du volume de voyages par rapport à 2019, et ces prévisions, à l’époque, semblaient optimistes. Finalement, nous avons atteint 75% des ventes par rapport à pré-covid, ce qui est vraiment exceptionnel si peu de temps après la pandémie.


Je pense que Jean-Christophe sera d’accord avec moi pour dire que nous sommes prudents sur nos prédictions. Il est impossible de dire si nous pourrons retourner aux 100% et dépasser notre année 2019 en volume.


Jean-Christophe – Oui je suis d’accord. Ce qui a fait le succès de la destination en 2022 ne fonctionnera peut-être pas autant en 2023. Je m’explique.


D’abord, il y a eu un effet de « revenge travel » cette année, les voyageurs ont eu envie de bouger tout de suite et de dépenser, mais est-ce qu’il perdurera en 2023, cela n’est pas certain.


Ensuite, la destination Amérique du Nord a eu du succès parce que c’est un combiné grands espaces, nature et surtout sécurité. C’est une destination où il était finalement facile et rassurant de venir après la covid. Sur ce point, beaucoup de destinations vont revenir sur un pied d’égalité donc ce ne sera plus un avantage poignant en 2023.


Il y a aussi beaucoup d’évènements conjoncturels qui empêchent de prévoir clairement ce qui va se passer finalement.


Charles – Exact, avec les difficultés aux aéroports, l’inflation, les aléas climatiques, les conflits militaires et tous ces évènements majeurs, il est tout simplement impossible de s’avancer. Cela étant dit, notre objectif en 2023 est bien de renouer avec les ventes de 2019 mais surtout de maintenir la qualité de séjour qui nous est propre chez Toundrigo.



Aucune destination ne peut s’affranchir d’une approche responsable concrète



Parlons tendances. Pensez-vous que ces difficultés rencontrées par les compagnies aériennes cet été 2022 ont le pouvoir de décourager le voyageur long-courrier en 2023 ?


Jean-Christophe – C’est vrai que cet été, il y a eu un grand mouvement de pression sur les compagnies aériennes qui n’étaient pas préparées à ce volume de voyage. Cela a généré des vrais embouteillages dans les aéroports et de longues attentes.


Mon constat, c’est que ce n’est plus aussi plaisant de voyager mais 2022 a été une vraie leçon pour l’industrie aérienne et pour l’industrie du voyage toute entière. Cette année a donné les clés aux professionnels du tourisme pour préparer leur année 2023.


Le voyageur sera probablement plus méfiant à nous d’être plus inventif pour le sécuriser et lui permettre de continuer à découvrir.


Charles – Ce qui peut se produire éventuellement c’est une baisse des familles dans la typologie de voyageurs. Après, au sujet des compagnies aériennes, il faut bien garder en tête que la difficulté pour les professionnels du transport aérien, comme pour nous, c’est que nous n’avions aucune idée de ce qui s’en venait.


S’il on veut effectivement parler tendances en 2023 et au-delà, il faut penser au-delà de la crise. Le tourisme change parce que les voyageurs changent. Aujourd’hui, ils travaillent tout en voyageant, ils sont sensibles aux questions environnementales, ils s’inspirent des réseaux sociaux et sont prêts à voyager plus longuement et lentement à la fois.


D’accord, alors selon vous s’il y avait 1 tendance à retenir, serait-ce celle du slow tourisme finalement ? Comment cela va-t-il impacter l’activité de réceptif en Amérique du Nord ?


Charles – En vérité, il y a beaucoup de notions qui se rejoignent. Le tourisme lent est une forme de voyage responsable, mais il en existe d’autres comme l’écotourisme ou le tourisme solidaire par exemple.


Jean-Christophe – Oui, cette tendance de conscientisation du voyage prend une place de plus en plus importante dans l’esprit des voyageurs, ce qui est très positif. Cette sobriété dans le voyage a une dimension éthique mais aussi contrainte par les ressources limitées dont nous disposons. Notre offre va de plus ne plus dans cette direction, j'y tiens.


Charles – Concrètement, tous les acteurs du tourisme, nous y compris, opérons des changements pour intégrer une approche de plus en plus responsable dans le voyage. C’est aussi le cas de nombreux hébergements et activités parmi nos partenaires.


Jean-Christophe – Oui c’est vrai. En ce qui concerne l’impact sur l’activité de réceptif, il est très difficile de le dire. Nous sommes, de toutes façons, chez ToundriGo, déjà bien loin d’un tourisme de masse avec une récurrence de visite élevée sur nos destinations. Lorsque les voyageurs viennent, il s’agit souvent d’un voyage qu’ils ne réitèreront pas avant 5 ou 10 ans.


Charles – L’impact sera plus important, je pense, dans la sphère du voyage d’affaires. Un rendez-vous professionnel transatlantique peut maintenant se faire via des plateformes de vidéo-conférences, même si cette méthode présente des limites par rapport à un rendez-vous physique. C’est là que la consommation aérienne va potentiellement baisser.


Que peut faire un réceptif comme Toundrigo sur ces questions responsables finalement ?


Jean-Christophe – La question responsable est large. Elle englobe plusieurs volets à la fois environnementaux, économiques et socioculturels. Notre marque Toundra a récemment écrit un article sur la question justement. Cela étant dit, l’avion reste la préoccupation première lorsque l’on parle de responsabilité, dans notre contexte environnemental.


Soyons honnêtes, sur le long courrier, nous n’avons pas tellement d’alternative à ce jour. Notre champ d’action chez Toundrigo réside donc dans la construction des séjours ici sur place, le choix des hébergements, des distances, transports et activités. C’est une mission sur laquelle travaillent nos équipes de vente, de production, mais aussi le Comité Toundrigo Care !


Charles – Nous voulons à tout prix éviter le greenwashing. Lorsque l’on voyage, on bouge, on prend des transports et, par conséquent, il y un impact social et environnemental qui ne peut pas être à 0. Nous sommes conscients de notre champ d’action dans le cadre de notre activité de réceptif à ce jour.


Jean-Christophe – Après il y a un sujet important autour de cette question, c’est que même si cette question grandit dans l’esprit des voyageurs, ils ne sont pas tous dans une démarche responsable lorsqu’ils planifient leurs séjours. Il y a suffisamment d’études qui révèlent que le rapport qualité/prix est le premier critère de choix.


Je pense donc que nous avons un rôle en tant que professionnel du voyage d’insuffler cette approche responsable à nos voyageurs au Canada et USA.


Vous avez mentionné précédemment le succès notable des USA cette année 2022. Pensez-vous que cela va continuer et est-ce que cela passera par un tourisme responsable ?


Charles – Aucune destination ne peut s’affranchir de ce besoin de transformation responsable. Il suffit de regarder les aléas climatiques qui touchent le pays. Cette destination compte déjà beaucoup d’initiatives en ce sens.


Jean-Christophe – Et concernant les prédictions sur cette destination, nous sommes confiants, en toute objectivité. Les USA ont déjà renoué avec le succès cette année, cela devrait continuer.


Charles – Il faut aussi prendre en compte que les USA ont une plus grande capacité d’accueil à la fois en hébergements mais aussi en activités, par rapport au Canada.


Jean-Christophe – Chez Toundrigo, nous avons d’ailleurs de fortes ambitions sur les USA. Nous avons même de nouveaux collaborateurs Toundra Voyages dédiés à la destination. Nous avons l’intention de faire grandir ce pôle USA à la fois en aventures, FIT et groupes.



Les professionnels du tourisme peuvent être fiers



Un pôle USA implique des ressources humaines. C’est une mission difficile de recruter dans l’industrie en ce moment. Avez-vous été touchés par la pénurie de main d'œuvre qui touche notre industrie ?


Jean-Christophe – Oui nous avons été touchés de plein fouet. (Pause). Avec la reprise plus importante que ce qui était anticipé, c’est certain que tous les employés saisonniers ne sont pas revenus à temps. Cela a touché beaucoup de prestataires mais aussi le recrutement de nos guides par exemple. La situation n’était pas évidente mais les équipes en place ont travaillé beaucoup plus fort pour assurer les voyages.


Charles – Vous savez, nous avons fait du mieux que l’on pouvait pour passer cette crise et nous n’avons pas été si mauvais finalement. Le secret de nos succès et de la qualité des voyages fournis c’est d’avoir gardé des collaborateurs clés pendant la pandémie.


Jean-Christophe – Oui et cela sans aucun accompagnement financier pendant 2 ans. C’était une décision importante pour nous et qui s’est avérée gagnante. Aujourd’hui, la combinaison des efforts de nos collaborateurs expérimentés et de nos nouvelles recrues ont permis de redonner des couleurs à Toundrigo et d’assurer cette saison d’été 2022.


Charles – J’ai envie de dire que là où les anciens ont apporté de la structure et de l’expertise en fait, nos nouveaux collaborateurs apportent, eux, un vent de fraîcheur et d’enthousiasme qui fait du bien !


C’est un message positif que vous partagez, merci ! Si vous deviez vous adresser à l’industrie du tourisme pour lui envoyer un message, ce serait celui de cette fierté d’avoir tenu bon dans cette crise ?

Jean-Christophe – Oui, je pense que les acteurs du voyage peuvent être fiers de tenir bon dans ce contexte, keep going. keep discovering !


Charles – Il y a un message que nous aimerions partager. Nous aimerions inviter les acteurs du tourisme à rester unis et bienveillants pour entamer la prochaine saison. Nous partageons tous les mêmes défis.


Excellent, un petit mot pour la fin ?


Jean-Christophe – Le choc a été brutal en mars 2020, il a duré deux ans sans client, plus une troisième année sous forme de reprise bouleversante. Nous sommes vraiment fiers de nos équipes qui ont su relever le défi et traversé ces trois années de crise.


Charles – OUI, un grand merci à nos équipes, nos prestataires, nos guides et aussi nos agences clientes pour leur confiance. Vous êtes les partenaires clés de notre rêve Toundrigo.



Merci à vous deux pour cette discussion autour du voyage ! Pour contacter ToundriGo, c’est par ici : contact@toundrigo.com !


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